La bipolarité se démarque spécialement par ses 2 phases extrêmes. Les hauts (phase manique) et les bas (phase dépressive). Ces phases sont tellement opposées l’une de l’autre parfois que ça me fait penser que la bipolarité s’imagine bien à un saut de parachute perpétuel.
Quiconque ferait un rêve où il se retrouve dans la scène que je vais vous décrire nous dirait qu’il est passé au travers d’un terrible cauchemar, et avec raison.
Alors ça va comme suit...
Imaginez que la vie est un saut en parachute perpétuel. Vous prenez l’avion, l'avion monte en l’air, vous sautez à une certaine altitude, puis atterrissez sain et sauf au sol grâce à votre parachute.
Tout cela a été excitant, alors vous recommencez, des fois en allant plus haut, et des fois en allant plus bas, jusqu’à la fin de votre vie.
Tout le monde passe au travers de cette belle vie, admirant ainsi les paysages, vivant des émotions fortes, et des défis uniques. Mais c’est là que ça se corse pour la personne bipolaire. Pour elle, tout peut se passer assez normalement pour un certain temps.
Mais à un moment donné, elle monte dans l’avion, l’avion monte jusqu’à un certain altitude, la personne saute, et puis quelque chose arrive subitement.
La personne bipolaire se rend compte qu’elle n’a pas de parachute. La descente paraît donc hyper longue, et tout ce que la personne bipolaire va voir, c’est le sol qui arrive à toute vitesse. Mais des fois, on dirait que la descente n’a pas de fin, et qu’on tombe à l’infini.
Et puis à un moment donné, par hasard, un parachute apparaît, et la personne atterrit saine et sauve. Elle est rendue au pire de sa passe dépressive.
Par la suite, un petit moment passe, et la personne doit remonter dans l’avion. Très hésitante, elle refuse d’y monter et va se coucher parce que tout ça l’a épuisée. Cependant, elle se réveille le lendemain, assise dans l’avion, qui est en train d’avancer et de prendre de l’altitude.
La personne est choquée, mais ne veut pas sauter tout de suite, et elle retourne se coucher. Pendant ce temps, les autres personnes ont fait plusieurs sauts, alors qu’elle n’en a pas fait un seul. C’est comme si sa vie avait été arrêtée.
Et puis un beau jour, elle se lève avec beaucoup d’énergie et d’entrain. Elle se dit capable de relever n’importe quel défi. Alors la personne bipolaire demande au pilote de monter encore plus haut, pour qu’elle puisse faire des sauts d’une hauteur inimaginable.
« Je veux toucher la Lune » dit-elle. Alors le pilote fait ainsi, et elle saute depuis très très haut. Elle atterrit, rembarque dans l’avion, et saute à nouveau. Elle saute toujours plus haut, plus haut, plus haut, parce qu’elle se sent bien et invincible. C’est la phase maniaque qui commence.
Pendant que les gens vivent leur train de vie normal, la personne bipolaire s’y donne à 300%. Pendant qu’elle s’y donne, les gens la regardent avec étonnement, et la croient très motivée tout-à-coup.
Mais ils ne savent pas ce qui guette la personne bipolaire, et ils ne la croyaient pas lorsqu’elle leur disait « j’ai sauté, mais je n’avais pas de parachute, et il est apparu comme ça, par pur hasard ». Elle ne sait pas d’ailleurs ce qui l’attend lors de son prochain saut.
La personne bipolaire se réveille le lendemain, assez fatiguée de la veille. Rien de spécial n’avait changé, ou plutôt rien de spécial n’était arrivé. Mais elle se sent tout de même fatiguée.
Après avoir passé un bon moment dans le lit, elle décide de se lever, de prendre un bon café, une bonne douche froide, et de faire son saut de la journée.
Sauf qu’à mi-chemin, elle se rend compte qu’elle n’a pas de parachute. Et tout comme sa première passe dépressive, elle se retrouve dans une impasse. Sans parachute, avec le sol qui approche rapidement, trop rapidement, elle ne sait plus quoi faire.
Oh ce qu’elle donnerait pour avoir de l’aide. D’avoir quelqu’un qui la croit, et qui serait là pour la réconforter en ce moment-même. Mais tout ce qu’elle a en tête, c’est que ça ne peut pas lui arriver pour vrai.
Personne ne l’a cru la première fois, alors elle doit être en train de faire une grosse erreur. Mais comment a-t-elle pu être aussi stupide pour sauter sans parachute ?!
Et pourquoi semble-t-elle si seule, avec personne pour l’aider ? Mais pourquoi donc le sol lui paraît encore plus profond que la première fois ? Et pourquoi ça ne lui arrive qu’à elle ?
Et puis le cycle continue indéfiniment jusqu’à la fin de sa vie.
Tout ça semble assez effrayant, mais d’une part, c’est une bonne façon d’exprimer ce que je ressens parfois. Je me sens très triste, très seul par moments. Et par d’autres moments, je me sens bien entouré, j’adore mes passe-temps, mon travail, ma musique, etc.
Mais tout ce que j’aime ne me semble que temporaire. Ça dure le temps que ça dure, mais toute la beauté de la vie s’estompe aussitôt que je reviens dans une phase dépressive.
Tout comme le sauteur dans mon allégorie, en phase dépressive, il est impossible d’observer le beau paysage, ou de profiter des émotions fortes qui font partie de la vie. Tout devient négatif, et tout est centré sur le problème du moment : la dépression.
Alors voilà, j’espère que ça va aider les gens à comprendre comment je me sens. Et j’espère que d’autres personnes bipolaires pourront s’y reconnaître, et y voir qu’ils ne sont pas seuls, et que malgré tout, il y a de l’espoir.
Merci